samedi 13 janvier 2018

Le PAPE DICTATEUR par Marc-Antoine Colonna -4-

Qui est qui ?
Membres dirigeants et leurs qualifications

         Principalement, les prélats du groupe se préoccupaient d’empêcher l’élection de Ratzinger au Conclave en 2005. Mais, plus généralement, il n’est pas difficile de déterminer à partir de l’examen de leur carrière dans quelle direction les membres de la mafia de Saint-Gall espéraient orienter l’Église sur ces questions cruciales. L’idée était simple : rassembler ces puissants prélats aux vues similaires pour utiliser leurs vastes réseaux de contacts afin d’amener ce que les analystes politiques reconnaîtraient comme un "changement de régime".

      Le programme qu’ils avançaient était articulé autour des mots d’ordre de "décentralisation", de "collégialité" et d’une Église plus "pastorale". Par le dernier terme, ils voulaient dire qu’ils voulaient s’éloigner de la ferme défense de l’enseignement moral catholique qui avait caractérisé le Pape Jean-Paul II et s’éloigner de l’approche qui a été vue depuis lors dans le Synode sur la Famille (8). Les slogans de la décentralisation et de la collégialité sont aussi une critique implicite de Jean-Paul II et de la manière dont il gouvernait l’Église. Jean Paul est arrivé au trône après le règne de Paul VI, quinze ans durant lesquels les conséquences radicales du Concile Vatican II ont été élaborées. La question de savoir si l’interprétation libérale du Concile par Paul VI était la bonne est aujourd’hui controversée (elle a été contestée par "l’Herméneutique de la Continuité" défendue par Benoît XVI) ; mais ce qui ne peut pas être contesté, c’est que les résultats du gouvernement de Paul VI ont été dans certains domaines malheureux. Près de 50.000 prêtres ont abandonné le sacerdoce au cours de ces années, les vocations à la vie religieuse en général, tant chez les hommes que chez les femmes, ont souffert d’un effondrement de la même ampleur, et il y a eu un rejet généralisé de l’enseignement de l’Église – et notamment de l’encyclique Humanae Vitae de Paul VI.

      Le phénomène a été accentué par les nominations de Paul VI à l’épiscopat. Pour prendre un exemple aux États-Unis, la hiérarchie s’y est transformée par les nominations faites par le nonce archevêque Jadot, qui en sept ans (1973-1980) a réussi à nommer 103 évêques et à promouvoir 15 archevêques. Parmi ces derniers, les nominés qui se sont révélés particulièrement scandaleux comprenaient l’archevêque Hunthausen de Seattle, dont la direction a plus tard provoqué l’intervention du Vatican et l’imposition d’un coadjuteur, et surtout l’archevêque Weakland de Milwaukee, qui a finalement démissionné après avoir payé 450.000 dollars des fonds diocésains à un amant masculin qui le menaçait d’un procès. De telles conséquences d’un choix "libéral" de pasteurs ont été ressenties plus ou moins fortement dans de nombreux secteurs de l’Église mondiale.

      Jean-Paul II est venu sur le trône pontifical avec la détermination d’arrêter la pourriture, et dans une large mesure il a réussi, mais il a laissé beaucoup de mécontents parmi ceux qui étaient de l’école de Paul VI. Comme Jean-Paul ne pouvait souvent pas compter sur la hiérarchie qu’il avait léguée, il suivait une politique de contrôle papal, et il n’avait guère d’autre choix que de restaurer l’enseignement orthodoxe et la vie religieuse catholique. Sans aucun doute, il a renforcé la discipline de l’Église, mais on peut se demander s’il peut être considéré comme un "centralisateur", par opposition à un parti qui cherche un esprit "collégial" dans l’Église. Le centralisme de Jean-Paul II, contre lequel les prélats du groupe de Saint-Gall prétendaient réagir, était une réponse à un état de chaos qui s’était manifesté par des moyens tout aussi centralisateurs. Il serait naïf de ne pas reconnaître que les slogans de décentralisation et de collégialité utilisés par le Groupe sont des mots de code pour un vaste programme libéral, qu’il convient de décrire.

      Ceux qui ont observé la scène catholique au cours des trente dernières années reconnaîtront volontiers les noms des personnalités du groupe de Saint-Gall. Parmi les plus célèbres parmi ceux qui sont répertoriés par Pentin, les plus célèbres sont Danneels, avec l’érudit biblique et archevêque papabile du cardinal Carlo Maria Martini de Milan, et le théologien allemand Walter Kasper.

(8) Voir ci-dessous, Chapitre 4.

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