samedi 10 mars 2018

Le PAPE DICTATEUR par Marc-Antoine Colonna -36-

L’Institut Jean-Paul II
pour les Études sur le Mariage et la Famille,
tenu à distance des Synodes, puis purgé.
 
         Au cours de la période qui a précédé le Synode de 2014, les organisateurs ont publié des informations sur qui était et qui n’était pas invité à participer et à donner leur avis. Parmi les omissions les plus marquantes figurait tout représentant de l’Institut Jean-Paul II pour les Études sur le Mariage et la Famille. L’Institut a été fondé par le Pape Jean-Paul II en 1982, suite au synode de 1980 sur la famille et à la promulgation de son exhortation apostolique Familiaris Consortio, et a connu une croissance constante, avec dix filiales à travers le monde. C’est ce document de Jean-Paul II, qui a réaffirmé l’impossibilité pour les remariés civilement de recevoir la Communion, qui devait être attaqué aux synodes du Pape François.

      L’Institut Jean-Paul II a publié une série d’articles en préparation du synode de 2014, réitérant l’enseignement moral catholique classique tel qu’articulé dans Familiaris Consortio, et visant clairement la proposition de Kasper. Un de leurs articles, « L’Évangile de la Famille : Aller au-delà de la proposition du Cardinal Kasper dans le débat sur le mariage, le remariage civil et la communion dans l’Église », avait une préface du Cardinal Pell et a été publié simultanément en Italie, aux États-Unis, en Espagne et en Allemagne. Lors d’une conférence préliminaire à Rome début octobre 2014, le professeur de philosophie Stanislaw Grygiel, qui avait été proche de Karol Wojtyla et enseignait à l’Institut, a donné un indice sur la raison pour laquelle l’Institut avait été exclu des synodes. Il a réfuté directement les prémisses de la proposition Kasper :

      « Une indulgence "miséricordieuse", réclamée par certains théologiens, n’est pas capable d’arrêter l’avancement de la dureté des cœurs qui ne se souviennent pas de la façon dont les choses sont "depuis le début". L’hypothèse marxiste selon laquelle la philosophie doit changer le monde plutôt que de le considérer a fait des incursions dans la pensée de certains théologiens, de sorte que ceux-ci, plus ou moins délibérément, au lieu de regarder l’homme et le monde à la lumière de la Parole éternelle du Dieu vivant, regardent cette Parole à partir de la perspective des tendances sociologiques éphémères. En conséquence, ils justifient les actions des "cœurs durs" selon les circonstances, et parlent de la miséricorde de Dieu comme s’il s’agissait d’une question de tolérance teintée de commisération.
      « Une théologie ainsi constituée témoigne d’un mépris de l’homme. Pour ces théologiens, l’homme n’est plus assez mûr pour regarder avec courage, à la lumière de la miséricorde divine, la vérité de son propre amour en devenir, tout comme cette vérité elle-même est "dès le commencement"(Mt XIX,8). »

      À la suite des synodes, en septembre 2016, le Pape François n’a pas respecté les règles de l’Institut, qui stipulent que le Chancelier doit être le vicaire général de Rome, en nommant l’Archevêque Paglia dans ce rôle, et en tant que nouveau président Mgr Pierangelo Sequeri, qui a adopté une ligne similaire sur la controverse Amoris Laetitia. Peu de temps après, le Pape a annulé un discours d’ouverture du cardinal Robert Sarah et a prononcé lui-même l’allocution, dans laquelle il réprimandait les théologiens qui offraient « un idéal théologique du mariage beaucoup trop abstrait et presque artificiel ». Edward Pentin a écrit à propos des nominations de Paglia et de Sequeri que « compte tenu de leurs origines, et à une époque où l’enseignement de saint Jean Paul II dans ce domaine semble jugé inapproprié, leur arrivée à la tête de l’Institut pontifical est sans aucun doute une source d’inquiétude pour ceux qui y travaillent et au-delà. »

      L’avenir de la vocation de l’Institut à Familiaris Consortio reste incertain. En octobre 2016, l’Archevêque Denis Hart a annoncé la fermeture de la branche de Melbourne de l’Institut, alléguant qu’il avait attiré trop peu d’étudiants pour justifier les dépenses. Mais Dan Hitchens, rédacteur en chef adjoint du Catholic Herald, a lié la fermeture à l’opposition de l’Institut à la direction prise par les synodes et a noté que non seulement les inscriptions des étudiants avaient augmenté, mais que Melbourne est « l’un des diocèses les plus riches du monde » avec les ressources pour acheter un grand bâtiment en 2011 pour 36 millions de dollars australiens, « assez d’argent pour maintenir l’Institut Jean-Paul II pendant des décennies ».

      Hitchens écrit : « Il y a un éléphant dans la salle : l’Institut Jean-Paul II a beaucoup d’ennemis en Australie... Les partisans de l’institut le considéraient comme une lumière brillante de l’orthodoxie catholique dans un marécage de modernisme au sein d’une si grande partie de la structure éducative catholique. Cet attachement à l’orthodoxie l’a rendu impopulaire. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire