mardi 13 mars 2018

Le PAPE DICTATEUR par Marc-Antoine Colonna -37-

L’Archevêque Vincenzo Paglia :
message du Pape François au monde pro-vie
 
         Peu connu en dehors de l’Italie, Vincenzo Paglia est depuis des décennies une figure de proue sur la gauche de l’Église italienne. Bien qu’il ait parfois parlé en faveur de l’enseignement moral catholique traditionnel, son ambiguïté habituelle fait de lui un écho du Pape François. En août 2015, sous sa direction, le Conseil Pontifical pour la Famille (143) a publié un livre qui proposait des arguments pour permettre aux catholiques divorcés et remariés civilement de recevoir la Communion après avoir suivi un « chemin discrétionnaire », essentiellement une réitération de la proposition du Cardinal Kasper. Sur ce sujet, peut-être le plus controversé de l’Église contemporaine, Paglia a maintenu en public une ambiguïté étudiée. Il a dit qu’il était « pharisien de nous limiter à répéter les lois et à dénoncer les péchés. » L’Église, a-t-il dit, « doit être prête à trouver de nouveaux chemins à suivre. »

      En février 2017, l’Archevêque Paglia a déclenché une tempête de protestations lorsqu’il a fait l’éloge funèbre de Marco Pannella, le fondateur du Parti Radical italien, l’appelant « un homme d’une grande spiritualité ». Il a déclaré que Pannella – dont le parti avait réclamé la légalisation du divorce, de la contraception, de l’avortement et de l’euthanasie, ainsi que de la drogue – avait « passé sa vie pour le moins à défendre la dignité de tous, en particulier des plus marginalisés ». Paglia a qualifié la vie de Pannella de « source d’inspiration pour une vie plus belle non seulement pour l’Italie, mais aussi pour notre monde, qui a plus que jamais besoin d’hommes capables de parler comme lui... J’espère que l’esprit de Marco nous aidera à vivre dans la même direction. » (144) Le discours a suscité des appels à la démission de Paglia comme directeur de l’Académie Pontificale pour la Vie et de l’Institut Jean-Paul II pour les Études sur le Mariage et la Famille.

      Paglia faisait la une des journaux depuis au moins 2012 en tant que partisan clérical du mouvement politique homosexuel, toujours avec suffisamment d’ambiguïté pour garantir la négation. En février 2013, quelques semaines à peine avant la démission du Pape Benoît XVI, il a dit à un intervieweur que l’État devrait reconnaître légalement les couples « de facto » ou cohabitants, y compris les homosexuels. C’était au moment où le parlement italien débattait d’une loi accordant aux partenaires homosexuels des droits juridiques similaires au mariage naturel.

      Avec la nomination de Paglia, il devint clair que l’Académie Pontificale pour la Vie devait être purgé pour l’éloigner de son but fondateur. La nomination de Neil Biggar aurait été proposée par Paglia, avec l’Archevêque anglican de Cantorbéry, Justin Welby. Étant donné que Biggar soutient officiellement la légalisation de l’avortement et nie la personnalité de l’enfant à naître, cela soulève la question de savoir dans quelle mesure François ou Paglia ont l’intention de prendre au sérieux leurs propres statuts (145).

      Quant à son travail de chef de l’Académie Pontificale pour la Vie, l’Archevêque Paglia a donné une indication de son attitude dans le cas de l’enfant britannique gravement malade, Charlie Gard (146). Les parents de Charlie Gard avaient mené une bataille judiciaire et médiatique pour faire valoir leurs droits à déterminer le traitement de leur fils, contre l’hôpital qui a déterminé que l’enfant devait être « autorisé à mourir » et a refusé de le libérer. Paglia a publié une déclaration qui affirme essentiellement les droits de l’État sur ceux des parents pour déterminer le traitement du garçon, disant que les parents « ne devraient pas être laissés à eux-mêmes pour faire face à leurs décisions douloureuses ». Michael Brendan Dougherty a riposté dans The National Review :
      « En plus d’être condescendante, la déclaration du Vatican est une déformation grossière de la situation. Il dépeint les Gard comme agissant aux côtés des médecins, mais soumis à des manipulations extérieures. Les Gard résistent aux médecins. Les Gard ne sont pas confrontés à « leurs décisions ». Ils font face à des autorités qui les ont écrasés. Le bon évêque écrit que les Gard "doivent être écoutés et respectés, mais qu’il faut aussi les aider à comprendre la difficulté unique de leur situation". Les gens qui les "aident" à comprendre parlent dans les euphémismes de "la mort avec dignité." »

      Le tumulte a été si grand contre la déclaration de Paglia que le pape est intervenu, anticipant peut-être un désastre médiatique si l’Église s’opposait à la fois à son propre enseignement et aux désirs des parents en deuil. Le contrôle des dégâts a pris la forme d’une note postée sur le compte Twitter du pape deux jours après la déclaration de Paglia, disant : « Défendre la vie humaine, surtout lorsqu’elle est blessée par la maladie, est un devoir d’amour que Dieu confie à tous. »

      Thomas Ward, président de
l’Association Nationale des Familles Catholiques du Royaume-Uni (National Association of Catholic Families), a décrit une fresque murale commandée par Paglia comme blasphématoire pour sa représentation « érotique » du Christ. La peinture murale avait été peinte pour la cathédrale de Paglia, alors qu’il était Évêque de Terni, par le peintre homosexuel argentin Ricardo Cinalli. Il dépeint une figure du Christ presque nue, soulevant deux filets remplis de figures humaines contorsionnées, dont une représentation de Paglia nu. Cinalli confirma que Paglia avait approuvé toutes les étapes du travail ; il ajouta que Paglia n’avait posé la limite qu’à la représentation des figures dans l’acte de copulation, mais il accepta « que l’aspect érotique soit le plus important parmi les personnes à l’intérieur des filets ».

(143) Le Conseil Pontifical pour la Famille a été fusionné en août 2016 dans le nouveau dicastère des Laïcs, de la Famille et de la Vie, dirigé par Mgr Kevin Farrell, également cardinal. Le Cardinal Farrell a ensuite réprimandé l’Archevêque Charles Chaput de Philadelphie pour avoir réaffirmé l’enseignement catholique selon lequel les catholiques divorcés et remariés ne peuvent recevoir la Communion sans s’abstenir de toute relation maritale. Depuis, Farrell est devenu le principal homme de pointe de François pour l’épiscopat américain sur Amoris Laetitia.

(144) « Pannella, uomo di grande spiritualità » (la sua è) « una grande perdita per questo nostro Paese » « ha speso la vita per gli ultimi » « in difesa della dignità di tutti, Pannella particolarmente dei più emarginati... Pannella è veramente un uomo spirituale » è « un uomo che sa aiutarci a sperare nonostante le notizie, la quotidianità ci metta a dura prova » « il Marco pieno di spirito continua a soffiare ».

(145) L’article 6 stipule que « le statut d’Académicien peut être révoqué en vertu du Règlement de l’Académie en cas d’action publique et délibérée ou de déclaration d’un membre, manifestement contraire aux principes énoncés au paragraphe b) ci-dessus, ou portant gravement atteinte à la dignité et au prestige de l’Église catholique ou de l’Académie elle-même ».
     La Déclaration des Serviteurs de la Vie (qui n’est plus un "serment") doit être signée par tous les membres, y compris les stipulations,
     « 3. L’ovule fécondé, l’embryon et le fœtus ne peuvent pas être donnés ou vendus. Ils ne peuvent être privés du droit au développement progressif dans le sein de leur mère et ne peuvent être soumis à aucune forme d’exploitation.
     4. Aucune autorité, pas même le père ou la mère, ne peut enlever la vie de l’enfant à naître. Un serviteur de la Vie ne peut accomplir des actes tels que des recherches destructrices sur l’embryon ou le fœtus, un avortement volontaire ou l’euthanasie. »

(146) Charlie Gard est né le 4 août 2016 avec une maladie génétique mortelle appelée syndrome d’épuisement de l’ADN mitochondrial. Ses parents voulaient l’emmener aux États-Unis pour qu’il suive un traitement expérimental à leurs frais, mais le Great Ormond Street Hospital refusa de le relâcher, affirmant que le traitement ne serait d’aucun bénéfice. L’hôpital a également refusé de laisser les parents emmener l’enfant mourir à la maison. Les critiques, dont beaucoup d’éthiciens catholiques, ont dit que c’est un cas où l’État emprisonne pratiquement l’enfant. L’issue d’un procès est en cours au moment de la rédaction du présent mémoire.

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