mercredi 14 mars 2018

Le PAPE DICTATEUR par Marc-Antoine Colonna -38-

Qu’est-ce que ça veut dire ?
 
      Il nous reste la question de ce que le Pape François entend enseigner dans le domaine de la famille et de la morale sexuelle. Une des preuves en est une conversation avec l’Archevêque Bruno Forte, nommé Secrétaire Spécial des synodes par François. Lors d’une conférence sur Amoris Laetitia en mai 2016, Forte a dit qu’avant les synodes, le Pape lui avait dit : « Si nous parlons explicitement de la Communion pour les divorcés et remariés, tu ne sais pas quel terrible bordel nous allons faire. Donc nous ne parlerons pas franchement ; fais en sorte que les prémisses soient là, puis je tirerai les conclusions. » Sur cela l’Archevêque Forte a dit en plaisantant : « Typique d’un Jésuite. » Peut-être que oui. Ceux qui connaissent la Compagnie de Jésus pourraient répondre que ce n’est pas comme cela que les grands théologiens Jésuites comme saint Robert Bellarmin nous ont enseigné par le passé, même si en période de déclin certains membres souples de l’Ordre ont donné cette impression. Si c’est là le fil conducteur de la tradition jésuite que François a apportée au trône papal, l’Église a récolté une moisson malheureuse.

      Au cours de son règne de quatre ans, le Pape François n’a pas été distrait devant les injonctions et les réprimandes, et sa marque de fabrique a été d’attaquer le pharisaïsme et le manque de sincérité, pour nous rappeler au véritable esprit de l’enseignement du Christ ? Mais un des préceptes qu’il semble avoir négligé est : « Que ton oui soit oui et que ton non soit non. » Au milieu des bruits et des ambiguïtés, les fidèles se demandent ce qu’il a l’intention d’enseigner. Les conservateurs sont consternés par l’abandon des positions pour lesquelles Jean-Paul II et Benoît XVI ont résisté, les libéraux ne sont pas plus satisfaits de l’enseignement vague d’Amoris Laetitia. Ce document ne dit pas clairement si l’Église a vraiment l’intention d’admettre les divorcés et remariés à la Communion, et il laisse intacts les autres questions de moralité sexuelle, de l’avortement à l’homosexualité, qu’ils espéraient voir abordées. À certains égards, le Pape François s’est montré un ennemi du libéralisme ; il a condamné à plusieurs reprises l’avortement (bien qu’il n’ait pas manqué de confondre les idées) et s’est fortement prononcé contre l’idéologie. Mais si son programme de libéralisation est la vraie voie à suivre, ne pourrions-nous pas attendre de lui qu’il le prêche avec la clarté et le courage de celui qui parle dans l’esprit du Christ ?

      Le pontificat de François pose toute une série de questions sans réponse. Quelles leçons pouvons-nous tirer de la politique du Pape à l’égard des organismes du Vatican qui étaient autrefois les gardiens de la doctrine de l’Église ? Pouvons-nous être sûrs que l’enseignement catholique condamne encore l’avortement, ou est-il modifié par les protestants et les agnostiques qui ont été amenés à l’Académie Pontificale pour la Vie ? François nous dit que l’Église dans le passé a soutenu un « idéal artificiel de mariage », mais quelle est la doctrine du mariage qu’il nous prêche maintenant ? Qu’est-ce que cela signifie que, sous le Pape François, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ne répondra pas si l’enseignement catholique croit en des normes morales objectives, et qu’il semble être considéré comme une offense de poser la question ? Comment se fait-il qu’un homme comme l’Archevêque Paglia soit jugé apte à diriger l’Institut Jean-Paul II pour les Études sur le Mariage et la Famille et l’Académie Pontificale pour la Vie ? Peut-on s’attendre, sous son patronage, à trouver des peintures murales homo-érotiques qui poussent sur les murs des églises catholiques de San Francisco à Manille ? Si c’est le cas, est-ce que le Pape François va hausser les épaules avec : « Qui suis-je pour juger ? » Ou nous dira-t-il quoi que ce soit ? Sur un plan plus général, est-ce que François pense que son troupeau mérite des réponses à de telles questions, ou est-ce qu’ils sont juste des moutons sans cervelle, pour être conduits là où leur maître choisit de les pousser ?

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